Courville: une réflexion mature sur l’adolescence

Par Méganne Leduc

Simon est un adolescent de 16 ans habitant à Courville, une bourgade du Québec des années 70. Tourmenté par l’éveil de sa sexualité, mais aussi par la mort récente de son père, le personnage principal semble avoir de la difficulté à se situer dans son environnement. Au sein de cet univers dysfonctionnel, il devra faire face à plusieurs drames et révélations qui changeront sa vision sur le monde.

C’est le 12 septembre dernier qu’une série de représentations mettant en lumière la pièce de Courville s’est entamée au Théâtre du Nouveau Monde à Montréal. Robert Lepage, à l’origine du texte, de la conception et de la mise en scène de cette œuvre, aborde dans Courville des sujets qui lui sont intimes. Entre autres, ayant lui-même connu une adolescence difficile, l’artiste multidisciplinaire souhaite dépeindre cette étape inconfortable.  Maintenant plus âgé, Robert Lepage, dans sa pièce, se permet de regarder le sujet sous un angle plus mature, plus poétique.

Dans sa plus récente pièce, le dramaturge s’inspire du bunraku, une tradition théâtrale japonaise. Ce style datant du XVIIe siècle se distingue par la représentation de personnages par l’entremise de marionnettes de grandeur presque nature qui sont manipulées par des artistes qui, vêtus de noir, sont visibles du public. Ce choix artistique intéressant permet à Robert Lepage de manipuler les personnages afin de représenter de façon plus explicite des sujets sensibles comme la sexualité, le suicide et les problèmes de santé mentale. D’ailleurs, l’utilisation de ces marionnettes est si fluide qu’il est parfois possible d’oublier que les personnages ne sont pas faits de chair. De plus, l’emploi de la tradition japonaise du bunraku combiné au contexte québécois de la pièce permet un mariage intéressant de ces deux cultures.

Le décor qui accompagne cette pièce est très interactif. Ce dernier se démarque par le fait qu’il comporte deux étages. La scène principale est aménagée de sorte à représenter le sous-sol de la maison de Simon alors que le deuxième étage mobile permet de dépeindre plusieurs autres lieux et paysages à l’aide de projections très réalistes sur fonds blancs. Les images représentent plusieurs endroits ayant une importance dans l’histoire. Entre autres, ces projections permettent aux spectateurs de se balader de la piscine municipale de Courville au bas de la chute Montmorency.  Le changement perpétuel de lieu permet de captiver l’attention des spectateurs.

La narration, effectuée par le talentueux comédien Olivier Normand, est fortement intéressante. Dans cette pièce originale, le narrateur incarne aussi un personnage, celui de Simon, le personnage principal de la pièce, alors qu’il a atteint l’âge adulte. Le regard que pose le comédien sur l’adolescence de son personnage est dépeint par ses répliques faisant aussi bien rire que pleurer les spectateurs. Selon la scène présentée, le ton et le vocabulaire d’Olivier Normand est parfois humoristique et parfois tragique, ce qui permet aux spectateurs de bien s’imprégner de l’œuvre. 

En somme, la proximité qu’il est possible de ressentir avec les personnages rend cette pièce captivante. Cette œuvre mature est idéale pour les jeunes adultes ainsi que pour les gens d’âge plus avancé qui souhaitent philosopher sur ce que représente le passage à l’âge adulte.

Les représentations se poursuivaient jusqu’au 7 octobre 2023 au Théâtre du Nouveau Monde à Montréal. De plus, en raison d’une forte demande, des supplémentaires se sont ajoutées du 12 au 15 octobre 2023. Le coût du billet varie entre 26 et 100$ selon le siège choisi. Aucune représentation n’est encore prévue en Outaouais.

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