Jay Seven, une tête d’affiche pour le Hip-Hop à Montréal.

** Salut, aujourd’hui, moi Mc Guire, j’ai le grand honneur de vous présenter ma discussion avec . On a discuté de sa vie, de la culture de la scène à Montréal, accompagné de ses merveilleux conseils. L’ sera présentée sous forme de tirets, comme si c’était un podcast. Bonne écoute. **

Jacob – Donc salut Jay !

Jay – Yoo !

Jacob – C’est un honneur de t’avoir parmi nous et d’avoir accepté mon entrevue. Pour commencer, présente-toi pour ceux qui ne te connaissent pas encore. C’est quoi ton nom et que fais-tu dans la vie ?

Jay – Merci Jacob. Pour la première question, c’est très simple, mon nom c’est Jay Seven, je suis un artiste, un MC, un animateur, un animateur de podcast qui est dans la scène Hip-Hop depuis maintenant plusieurs années et qui soutient la jeunesse du milieu Hip-Hop à Montréal.

Jacob – Parfait, donc oui, on peut effectivement te voir dans plusieurs domaines différents. Ça fait combien de temps que tu es dans ce milieu et qu’est-ce qui t’a inspiré dans ta jeunesse à poursuivre tes rêves dans ce milieu ?

Jay – Pour être honnête avec toi, je ne pourrais pas te dire depuis combien d’années, mais ça fait très longtemps, je te dirais même début des années 2000. Mes inspirations n’étaient pas vraiment locales, parce qu’avant ici on ne voyait pas vraiment de « success story », donc elles étaient plutôt tournées vers le américain. Mais quand j’ai vu qu’il y avait une scène Hip-Hop ici à Montréal et que j’ai découvert Dubmatique ou encore Sans Pression, ça a été un motivateur pour me dire « je veux rentrer dans la scène ici à Montréal et voir ce qui se passe ». Surtout en tant qu’MC, tu veux te situer et voir où est-ce que tu te places comparé à la compétition, tu vois ce que je veux dire ?

Jacob – 100%. La culture rap ici à Montréal n’a pas toujours été comme aujourd’hui, et même si je suis plus jeune, je vois l’évolution constante du milieu et je peux concevoir que c’était plus dur à une époque de se faire un nom ici et d’en être un pilier.

Jay – C’est ça. Début des années 2000, il y avait une compétition qui s’appelait « Hip-Hop Forever », et je me suis dit : « Tu sais quoi ? Je vais m’inscrire à cette compétition-là pour voir où je peux me placer par rapport au reste de la ville. » Et en 2003, j’ai gagné ce concours-là. Il y avait plein de catégories, que ce soit rap français ou anglais, solo ou en groupe, ou même DJ. C’était vraiment un concours pur Hip-Hop, donc c’est sûr qu’avoir gagné dans la catégorie anglophone, ça a été un boost et un truc motivant pour me dire « ok, je fais quelque chose qui a du sens ».

Jacob – Je n’ose même pas imaginer. Je trouve ça quand même cool que déjà au début des années 2000, il y avait des compétitions de rap à Montréal. Je ne connaissais pas ce concours avant que tu m’en parles. Maintenant, c’est « plus accessible » depuis l’apparition des médias sociaux pour promouvoir son art, et même avec des émissions comme *Nouvelle École* ou encore le développement de la scène des rap battles à Montréal, il y a beaucoup plus de portes qui s’ouvrent pour nos artistes. Après le concours, dans quels types de projets t’es-tu lancé ? Est-ce que directement tu as commencé à avoir plus d’opportunités ?

Jay – Pour être honnête avec toi, quand j’ai commencé et que j’ai vu que les gens appréciaient ce que je faisais en tant que rappeur, j’ai comme eu la piqûre et j’ai voulu aller conquérir toutes les scènes de la ville. S’il y avait un spectacle, j’y allais. Payer ou pas payer. Que ce soit pour un couplet ou pour un concert complet. Il y avait une chose certaine, j’y allais toujours. Je prenais toujours l’opportunité et je me disais « plus j’en fais, meilleur je vais être ». C’est quelque chose que j’ai toujours aimé.

Jacob – Bien sûr, quand tu fais quelque chose que tu aimes, c’est tout de suite plus facile pour la suite.

Jay – T’as vu ce week-end, je faisais un concert d’un rappeur marocain au Club Soda ? Avant le show, quelqu’un est venu me voir pour me dire « ah ouais toi t’es habitué et tout ». Nah man. Certes je suis habitué à ça. Mais j’approche chaque performance comme ma première ou ma dernière. Il faut toujours qu’on se mette un peu de pression et qu’on se dise que même s’il y a beaucoup de monde ou peu de monde, tu vas donner ton 100% « no matter what ».

Jacob – Même les plus grandes scènes que t’as faites, comme quand tu as hosté *Metro Metro* en 2023 ou encore quand Nihno avait sold-out la Place Bell et tu as dû performer, tu as bien géré la pression ?

Jay – Of course, avec cette mentalité-là, j’ai jamais le feeling de confort ou de penser « I got this ». J’aime toujours garder une pression légère et je pense que c’est bénéfique pour un artiste qui performe en public.

Jacob – Je comprends. Donc, pour toi, quel a été ton plus gros challenge et ta plus grande fierté ?

Jay – Ben écoute, la plus grande difficulté, c’est évidemment de faire de la anglophone ici au Québec. Ça a toujours été un challenge et je pense que ça en reste un aujourd’hui pour nos artistes anglophones. On sent que l’appréciation médiatique et la couverture médiatique ne sont pas pareilles. Ça va plus loin que la musique ou l’art. C’est devenu politique. Il y a beaucoup de débats qui peuvent en découler.

Jacob – Tu te sens comment vis-à-vis de cette situation ?

Jay – Moi, je trouve ça plate. J’ai vu beaucoup d’artistes que je trouve extrêmement talentueux, qui éventuellement vieillissent, la vie les rattrape, ils ont des enfants, une famille, ils lâchent un peu la musique parce que ça ne leur a pas ouvert les portes nécessaires. Tu te dis « man, il était vraiment talentueux, même beaucoup plus talentueux que plein de vedettes ici au Québec ». Mais parce qu’il le fait en anglais, les portes se sont fermées. C’est probablement une des choses les plus tristes que j’ai vues pour les artistes d’ici.

Jacob – Je suis d’accord. Le rap a toujours été politique, mais de laisser une langue intervenir dans l’art, de mon point de vue, malgré notre situation géographique, on ne devrait pas laisser ça ralentir nos artistes. Bref, pour ta plus grande fierté, est-ce que tu peux nous en parler ?

Jay – Une de mes plus grandes fiertés, c’est d’avoir été dans ce milieu aussi longtemps. Et qu’aujourd’hui, en 2024, je me promène et les gens me reconnaissent pour les podcasts, pour les shows et les événements, comme on dit être « relevant ». C’est toujours cool de voir, même avec toi, par exemple, un jeune comme toi, tu sais qui je suis et ce que je fais et que tu veux me faire une entrevue pour ton projet. Pour moi, je trouve ça cool, parce que c’est comme « ok man, wow ». Même que je me suis réinventé en gars de média et en tant que podcaster, ça a quand même l’impact que ça a eu. Et le monde me reconnaît quand même pour mes opinions. Avant, le monde me connaissait plus pour mon talent et ce que j’apportais sur scène, maintenant c’est un peu des deux. Donc ça, c’est quelque chose dont je suis vraiment fier.

Jacob – Il y a de quoi en être fier, c’est sûr. Ce n’est vraiment pas facile de perdurer dans le temps dans le monde de la musique, et d’être capable de toucher autant de terrains durant ta carrière, c’est fou. Pour mon expérience personnelle, avant que je te rencontre, j’ai été voir beaucoup de concerts et je me rappelle justement t’avoir vu hoster des concerts comme Kaaris ou encore le fameux Beachclub. J’avais beaucoup d’intérêt pour la scène et cela, encore aujourd’hui. Et je trouvais ça trop cool, le monde des MCs. J’ai appris par la suite que tu travaillais aussi pour des podcasts comme *Le Temps D’un Jujube*, ou encore avec *Onzmtl*.

Jay – Exact, j’ai jamais voulu m’arrêter à un seul domaine. Je pense que c’est aussi pour ça que j’ai fait tout ce chemin. Une autre fierté que j’aimerais ajouter pour revenir à la dernière question, ça serait d’avoir MC au Grand Prix de Formule 1 au Canada. Il n’y a jamais eu aucun MC qui a fait ça là-bas, il n’y a jamais eu de représentants de la scène Hip-Hop canadienne qui ont été au Grand Prix du Canada, qui est un événement de grande envergure presque internationale. Juste de pouvoir faire mon propre truc sur une plateforme comme ça, c’est incroyable et j’en suis fier.

Jacob – Incroyable. J’aimerais savoir, avec toi, tu penses quoi de l’influence que tu as dans ce milieu sachant la place que tu occupes dans l’industrie et dans la culture ?

Jay – Il n’y a rien qui me rend plus heureux que quand des jeunes veulent débattre avec moi sur des opinions que j’ai eues ou qui me mentionnent et me disent « merci pour ce que tu fais pour la culture, c’est nécessaire, c’est important ». Quand on me dit ça, c’est vraiment apprécié. Je pense vraiment qu’on a une petite part de responsabilité. Souvent, on est dans des situations comme tu dis, « d’influence », et les jeunes avec qui parfois on parle et qu’on s’assoit, j’ai plus d’expérience de vie, donc je peux diriger la conversation toujours vers quelque chose de positif. Et où est-ce qu’on parle de musique, sans inclure des choses négatives et les rumeurs qui peuvent être néfastes pour la carrière d’un artiste débutant.

Jacob – On peut voir ça dans tes discussions durant les podcasts. Dans l’industrie, souvent il y a des gens qui vont essayer de créer des impasses pour nos artistes à leurs fins, au lieu d’essayer de les aider et d’aider la culture. C’est bien que tu essaies toujours d’aller vers quelque chose de positif, et souvent ça crée des discussions intéressantes. D’ici 5 à 10 ans, tu te projettes où ? As-tu des projets, ou même des rêves ?

Jay – Honnêtement, j’ai jamais été quelqu’un qui a planifié ce que je fais. Comme j’ai jamais voulu être un MC ou un animateur, moi je suis un rappeur. Là, j’ai eu une opportunité qui est devenue d’être MC dans des clubs et d’animer des concerts, ce qui est devenu animer des podcasts parce que j’en écoutais beaucoup au début. Je n’ai jamais rien planifié, tout arrive un peu par hasard. J’aimerais avoir une grande tribune. Pouvoir parler de musique et donner mes opinions, en restant dans le Hip-Hop mais sur une plus grande plateforme. Je vois des Radio-Canada ouvrir de plus en plus leurs portes à des journalistes « urbains », et je pense que ce serait cool de pouvoir aider à développer ça et d’ouvrir des portes plus grandes pour les artistes locaux. Tout ça, en gardant l’intégrité que j’ai et mes opinions sur la culture générale, car je suis quelqu’un qui suit ça et je pense que je pourrais voir mon impact.

Jacob – Parfait ! Je pense que ça ferait du bien d’avoir plus de gens qui couvrent le sujet du monde Hip-Hop au Québec sur les grandes plateformes, sachant que c’est une communauté qui grandit de jour en jour ici. Aurais-tu des conseils à donner pour les jeunes artistes qui nous écoutent ?

Jay – Je pense que mon message pour la jeunesse, c’est simple, ça serait juste de foncer. C’est sûr que ça peut être cliché, mais c’est la vérité. Le talent c’est une chose, mais quelqu’un qui s’impose avec son éthique de travail, sa discipline, c’est quelque chose d’impressionnant et qui impose le respect. Exemple : même toi, la première fois que tu m’as approché, c’était à un concert. Après ça, je t’ai dit de venir au club et t’es venu. Après ça, je t’ai dit viens au podcast et t’étais là. Quand quelqu’un nous montre son vouloir, on n’a pas le choix de faire autre chose que de le respecter. Je pense qu’il faut juste foncer, cogner aux bonnes portes et ne jamais arrêter. Tu ne vas jamais échouer si tu n’arrêtes jamais.

Jacob – Merci beaucoup pour ces conseils. Garder la tête haute et avoir la foi va t’amener n’importe où si tu as l’énergie au bon endroit. Je me rappelle quand je suis venu te voir, tu m’avais dit justement que je ne suis pas la première personne qui t’avait approché pour travailler avec toi, mais que t’étais impressionné de voir que je faisais Gatineau-Montréal chaque semaine pour venir au podcast. Depuis ce jour, je suis vraiment content de travailler avec toi sur ces projets, honnêtement. Bref, aurais-tu un mot de la fin à nous donner ?

Jay – Le mot de la fin, c’est simple. C’est jaysevenmtl.com, checkez-moi là. Si vous avez des projets ou des choses intéressantes que vous voulez développer, si des gens veulent travailler et rentrer dans ce milieu, si je peux aider, je suis là. En attendant, soutenez les personnes qui vous soutiennent, soutenez ceux et celles qui font les choses pour les bonnes raisons. On est dans une ère de l’internet, dans une ère où le bruit ou le « hype » prend plus de place que le talent, mais il ne faut jamais oublier que c’est le talent qui dure le plus longtemps. Travaillez fort et exploitez votre talent, développez-le et vous allez vous rendre où vous voulez vous rendre.

Jacob – Merci beaucoup ! C’était un plaisir de t’avoir reçu. J’espère aussi que vous avez apprécié l’entrevue. Vous pouvez aller le suivre sur son site où il y a toutes ses plateformes !

Tags populaires

Articles récents